CANADA : Rapport final de l’Enquête sur les Femmes et les jeunes indigènes disparues et assassinées.

Après trois ans d’anquête, ce rapport a été publié au mois de juin 2019

Un génocide basé sur la race, l’identité et le sexe

En Juin 2019 a été publié à Otawa le Rapport Final de l’enquête des disparitions et des meurtres concernant les Femmes et jeunes Filles Indigènes. Les statistiques de la Police ont enregistré 1 181 disparitions et meurtres commis entre 1980 et 2012 dans le Canada entier. Et cela continue actuellement. Pour Patricia Hajdu, ancienne ministre pour les femmes, le nombre pourrait atteindre plus de 4 000 cas, car beaucoup non pas été déclarés. Le problème est si alarmant que le Premier Ministre Canadien a ordonné une enquête il y a trois ans.

Lors de la cérémonie de présentation du rapport, Marion Buller, Commissaire en chef, a commencé son intervention par ces mots : « Ce rapport montre qu’il y a délibérément un génocide basé sur la race, l’identité et le sexe. »

Marion Buller, Comisaria Jefe de la Investigación

Les 1 200 pages du rapport final fait 213 recommandations, comme la création d’un plan d’action nationale de reconnaissance des violences contre les femmes Indigènes, développer des campagnes d’éducations policières, publiques, juridiques contre l’acceptation de la normalisation de la violence ; mais aussi un appel pour des emplois équitables, des logements, des soins de santé et la promotion des femmes Indigènes à des postes de responsabilités. Elles sont légalement impératives.

Le Premier Ministre du Canada, Justin Trudeau a déclaré : « Nous devons continuer à décoloniser nos structures existantes du racisme, du sexisme et de l’inégalité économique qui ont permis tant de violence contre les femmes et jeunes filles Indigènes et qui doivent être éradiquer ».

Statistiques : les homicides contre les femmes et jeunes filles Indigènes constituent 16% des homicides entre 1980 et 2012, alors qu’elles ne sont que 4% de la population. Les taux de victimes par la violence étaient trois fois plus nombreux que pour les femmes non-Indigènes, et le taux pour les femmes est deux fois supérieur à celui hommes indigènes. Il est évident que les femme indigènes sont les citoyennes les plus vulnérables dans tout le pays, simplement parce qu’elles sont femmes et Indigènes.

Les conclusions de l’enquête montre que les taux de violence contre les femmes Indigènes est le conséquence directe de siècles de colonialisme et de discrimination. Le racisme, le sexisme systématique et le colonialisme ont produit « une violence institutionnelle », perpétuée par les institutions et les militaires, l’Eglise, le système éducatif, le système de santé , la police et l’administration judiciaire. Les politiques coloniales et patriarcales ont déplacé les femmes de leur rôle dans les communautés et diminué leur statut dans la société, les rendant plus vulnérables à la violence. Et, comme l’a dit Justin Trudeau : « Ce n’est pas que dans le passé ! »

Justin Trudeau, Primer Ministro Canadiense, en la ceremonia de entrega del informe en Otawa

Le rapport contient 43 pages d’analyse de génocide. L’article 2 de la Convention des Nations Unies de 1948 sur la prévention et la condamnation pour Crime de Génocide le définit comme « un acte commis avec l’intention de détruire, en totalité ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux ». La Convention divise le génocide en deux éléments : le mental (l’intention de détruire en totalité ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux) et le physique (ce qui inclut le meurtre des membres du groupe, causant de sérieux préjudices corporels ou mentaux aux membres du groupes, délibérément infligés sur les conditions de vie du groupe, calculés pour apporter une destruction physique entière ou partielle, imposant des mesures pour empêcher les naissances dans ce groupe et transférant de façon forcée les enfants du groupe vers un autre groupe.)

Cette définition développée pour les Nations Unies s’étend, non seulement au Canada, mais dans toute l’Amérique, l’Australie et les pays colonisés par les nations européennes, où les peuples Indigènes ont souffert de génocide.

En regardant les pays voisins, les Etats-Unis, qui ont ouvertement pratiqué un génocide pour s’implanter sur le territoire, le général Philip Sheridan est connu pour sa célèbre phrase : « Le seul bon Indien est un Indien mort ! ». Au Canada le travail a été fait par la bureaucratie et les missionnaires pour qui la pratique était : « Le seul bon Indien est un Indien blanc ! ». Un ancien officier du département des affaires pour les Indiens, Duncan Campbell, a écrit en 1920 que l’objectif était de « tuer les Indiens dans l’enfant » jusqu’à ce « qu’il n’y ait plus aucun Indien qui n’est pas été absorbé ».

Mujeres de las Primeras Naciones reclamando justicia

EDans les années qui ont suivi la naissance du Canada en 1867, des traités ont été signés entre le Gouvernement Fédéral et les Peuples Indigènes. Les traités ont été signés en tant que partenaires, mais les évènements qui ont suivi la signature sont loin de se conformer à cette vérité.

Les Nations Indigènes ont été traitées comme des prisonnières plus que comme des partenaires. Des groupes étaient volontairement affamés, les obligeant à fuir dans les Réserves :au vu de ces conditions de vie calculées pour détruire physiquement, on peut utiliser le terme génocide tel que le définissent les Nations Unies. De plus, pendant des années, de nombreuses femmes indigènes ont été stérilisées sans leur consentement ; cette pratique est encore signalée à ce jour – un autre point de la Convention de Nation Unies. Concernant les enfants transférés de force vers un autre groupe, le Canada a le triste héritage des pensionnats dirigés par des missionnaires, où tous les enfants Indigènes devaient aller, dans l’espoir qu’ils perdraient leur héritage indien, et où de nombreux abus physiques, psychologiques et sexuels ont été commis.

Il y a eu aussi le transfert d’enfants indigènes vers des familles blanches si bien que des personnes n’ont pas de racines ni dans la société des blancs, ni dans leur société d’origine. Tout cela correspond à la définition de génocide définie par la Convention des Nations Unies. Ainsi en accord avec la Convention de 1948 et comme établi dans le Rapport Final, le Canada est coupable de génocide à l’égard des Peuples indigènes.

“No estáis olvidadas”

Le Canada a réussi de bien des façons ; il a développé un système politique qui fonctionne en dépit des divisions culturelles et linguistiques. Il accueille des citoyens du monde entier, beaucoup d’entre eux étant venus comme réfugiés (récemment le Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés UNHCR, a félicité le Canada pour son accueil généreux). En fait un Canadien sur cinq est né en dehors des frontières du pays. C’est une évidence que plus le pays s’est accommodé des différentes cultures, plus il est devenu fort. Mais la défaillance et la plaie ouverte, c’est le traitement infligé à ses Peuples Indigènes.

Le rapport présente une dure réalité difficile à regarder en face, mais ce qui fait la fierté du pays c’est qu’il ait mené cette enquête et et que ses résultats soient officiellement accueillis. Pour mettre en œuvre les recommandations, la société entière doit être engagée, pas seulement les institutions officielles ; la commission appelle chaque Canadien à aider à la « décolonisation » en devenant des alliés solides, Peuples indigènes et non-indigènes ensemble.

Justin Trudeau le premier Ministre du Canada a déclaré aux peuples Indigènes lors de la cérémonie de remise du rapport : « Nous vous avons offensés, mais nous ne vous offenserons pas plus longtemps. » Puissions-nous être fidèles au message de notre Premier Ministre.

Ce rapport est une étape décisive dans l’histoire du Canada ; il apporte sans doute une contribution valable pour un débat élargi et à long terme.

Communauté Ste Kateri Ursulines de Jésus Edmonton, 16 de junio de 2019

Pour lire l’article en anglais Final-Report-of-the-Inquiry-into-Missing-and-Murdered-Indigenous-Women-and-girls

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