Une soeur fait la foire

Avec l’équipe d’aumônerie des artisans de la fête, Sr Catherine Grasswill a découvert des personnes qui vivent dans un rythme décalé.

Il y a deux ans, la province France recevait l’appel de l’Aumônerie diocésaine des Artisans de la Fête (les forains et les gens du cirque) pour qu’une sœur vienne se joindre à l’équipe qui visite et accompagne ces personnes sur les fêtes foraines.

La proposition m’a été faite et j’ai pris contact avec le Père Gérard Favreau, responsable de l’aumônerie, sans oublier Simone Coiquaud qui, avec ses 88 ans, connaît tant de familles depuis 70 ans qu’elle s’est engagée auprès d’eux.

En approchant ces personnes qui vivent dans un rythme décalé, j’ai surtout découvert tout un pan de notre société dont le métier est de donner de la joie aux autres.

Leur outil de travail ! des manèges pour enfants, des machines à sensation forte, des stands de tir, des jeux où l’on gagne toujours, des petits canards nageurs à attraper avec un crochet pour les enfants, des auto-tamponneuses, des machines avec des lots pas si faciles que cela à attraper, sans oublier les chichis, gaufres et autres pralines…

Les lumières scintillantes, les musiques fortes, les odeurs chaudes, les cris et les rires cachent aussi des souffrances. Une jeune femme de 30 ans atteinte d’une sclérose en plaque, un homme qui propose des saucisses grillées et des sandwichs, mais qui ne peut plus parler aux clients car atteint de la maladie de Charcot, l’agression d’une jeune assistante d’un stand de tir qui reçoit un coup de couteau à la fin d’une soirée de travail…

Comment entrer en contact avec toutes ces personnes qui sont derrière leur métier (nom officiel d’un stand) ? Nous sommes souvent à deux et nous nous présentons comme étant de l’équipe d’aumônerie des Artisans de la Fête ; alors des sourires répondent, des discussions s’engagent sur le travail, les difficultés avec les municipalités pour le terrain des caravanes où la famille se retrouve après le travail… et puis Monsieur l’aumônier, je suis content de vous voir, je voudrais faire baptiser ma petite fille, mais à la foire de Nantes .

Et voilà une démarche d’Eglise faite avec une foi timide en Jésus-Christ, mais qui ne demande qu’à se fortifier. Combien de fêtes foraines ont lieu sur la place de l’église, mais n’ont aucune visite du prêtre ou des chrétiens de la ville !

Dans les foires de grande ville, une fois par an, des célébrations ont lieu : baptêmes, communions, mariages… La piste des auto-tamponneuses se transforme en lieu de prière et de recueillement et les chants entonnés sont bien différents des musiques habituelles. Tous les métiers sont au repos, comme recueillis, entourant celui qui accueille la communauté priante, présence du Christ. Quand l’évêque du diocèse peut venir célébrer quelle joie ! quel honneur ! C’est être reconnu comme faisant partie de l’Eglise de Jésus-Christ.

Mais voilà, les ouvriers auprès de ces personnes sont si peu nombreux qu’ils ne peuvent plus assurer les visites alors que la moisson est grande. D’autres Eglises y viennent comme les évangéliques qui peu à peu gagnent du terrain.

Prions le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à la fête foraine pour y cueillir et accompagner les germes de foi et de joie qui ne demande qu’à grandir.

Sœur Catherine Grasswill U.J.

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