Reconstruction à Caracas

Le P. René BOSSARD, responsable d’une paroisse à Valle de la Pascua, a dû quitter sa paroisse à la suite du grave accident survenu au P. Jean Duval en octobre 2008, pour venir à Caracas assurer la suite des travaux. Il fait le point sur la situation.

A la suite de l’écroulement

Caracas reconstruction de la maison

Depuis plus de deux ans (avril 2007), date à laquelle notre maison a commencé à s’écrouler, nous avançons lentement vers une nouvelle réalité : notre maison est loin d’être terminée ; il nous faudra attendre le mois de mars de l’an prochain.

Ces deux années ont été des années jalonnées de problèmes et d’embûches angoissantes et dépourvues de confort pour ceux qui résidaient sur place : je pense à Jean, Michel, Heinz, et moi dernièrement.

II faut se rappeler qu’au tout début les efforts pour remédier aux éboulements se voyaient contrariés par de nouveaux éboulements. C’est ainsi que notre vieille maison mère de Palo Grande, presque centenaire et qui avait résisté au tremblement de terre de 1967, a dû être rasée car elle menaçait de s’écrouler. Nous avons été obligés de rapatrier nos jeunes en formation dans la maison du Noviciat et dans la communauté de Valle de la Pascua, à plus de trois cents kilomètres de Caracas, mais cela ne favorise pas la tâche du responsable chargé de les accompagner.

Une faille dans l’église paroissiale

Au début de cette année 2009, une nouvelle faille est apparue, précisément dans l’unique endroit qui n’avait pas de mur de soutènement, entre l’édifice paroissial, construit en 1968, et le terrain de notre nouvelle maison. Cette nouvelle faille menaçait sérieusement les bases de l’église, qui est un joyau de l’art gothique : elle a été déclarée patrimoine national dans les années 80. Il fallait donc faire vite, avant l’arrivée des pluies. Heureusement, cette année les pluies sont arrivées avec beaucoup de retard ; au lieu du début mai, elles sont arrivées à la mi-juin. Depuis le début avril jusqu’à la mi-juin, l’entreprise s’est donnée à fond dans la construction de ce mur de protection. Ce qui entraîna des dépenses qui n’étaient pas prévues au point de départ et un retard dans la finition de la maison elle-même.

Nous nous sommes demandé pourquoi tous ces problèmes dans ce terrain que les FMI occupent depuis bientôt un siècle et qui jusqu’alors paraissait très stable. Après mûre réflexion et avec l’appui d’ingénieurs civils, nous avons compris que ce changement était dû à la modernisation de Caracas.

En effet quand on a construit la 2e ligne du Metro, au début des années 80, les entreprises de construction se sont rendu compte que le sous-sol était drainé par des cours d’eau abondants qui provenaient d’ El Avila, la montagne qui sépare Caracas du littoral. On a dû construire des digues (barrages) dans l’avenue San-Martin, depuis le croisement de Palo Grande jusqu’au croisement suivant ( soit sur une centaine de mètres), pour faire passer la ligne de Metro. Ce qui a changé le cours des eaux profondes et perturbé la stabilité des terrains voisins. Le parvis de l’église en est la preuve : des fissures qui sont apparues ces dernières années révèlent la présence d’eau qui s’évacue difficilement. Depuis 1971, jusqu’à l’an 2000 j’ai toujours connu un parvis sans fissure ; je peux le dire en toute franchise pour l’avoir balayé jusqu’à deux fois par semaine, quand j’étais en poste à Palo Grande.

A l’aide !…

la nouvelle maison

Personnellement j’ai fait des démarches près des autorités pour demander leur aide pour le mur de soutien de l’église : il nous faut trouver 550 mille bolivars, soit quelques centaines de milliers d’Euros. Jusqu’à présent je n’ai reçu aucune réponse. Il faut reconnaître que la situation politique et économique est sérieusement difficile actuellement. L’Hôtel de Ville se voit privé de ses locaux et de son budget, par décision du chef d’état. Le Patrimoine n’a pas répondu à mon appel : une lettre que j’ai portée moi-même au bureau central. Seuls les fidèles de la paroisse N-D- de- Lourdes et des amis nous aident pour trouver ces fonds.

Ceux qui vivent sur place, c’est-à-dire le curé et son vicaire expérimentent l’incommodité et la rigueur de l’exode : chambres, bureaux et cuisine improvisés, sans sanitaire ni eau courante à proximité. Mais cela n’empêche pas le travail au service de la paroisse.

Depuis plusieurs décades les équipes successives de FMI se sont investies dans la pastorale d’ensemble, dans la ligne du diocèse, chacune à sa façon, animées par notre spiritualité de l’Incarnation. Non seulement nous rendons témoignage, comme communauté à ce Mystère du Verbe fait chair, présent et vivant au milieu de nous mais il transparaît dans notre témoignage et nos tâches : dans les travaux de catéchèse, de la pastorale de la Famille, le service social et au milieu des groupes de jeunes. Dans la mesure où nous vivons comme de fidèles imitateurs du Verbe Incarné, à la suite de L-M B., nous devenons son « image visible » et nous le rendons présent au milieu de notre monde en crise et proche de tous ceux qui le cherchent en vérité.
Ne sommes-nous pas appelés a être une prolongation de son Incarnation même dans les temps difficiles comme ceux que nous avons actuellement.
P. René BOSSARD, Caracas

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