« Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi… »

Commentaire d’évangile par le P.Baudouin sur Jean 7, 37-38.

La lettre est adressée à Mère Ste Agnès.

« Au dernier jour de la Fête qui était la plus solennelle, Jésus se tenait debout et criait à haute voix : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive. Si quelqu’un croit en moi, il sortira de son cœur des fleuves d’eau vive, comme dit l’Écriture ». St Jean 7, 37-3 8.

Notre Maître Jésus, ma chère fille, avait prêché, instruit tout le jour de la fête des Tabernacles où tous habitaient sous des tentes de feuillage, elle durait huit jours. Au dernier jour, sur le soir, le divin prédicateur voyant que le peuple allait se retirer, avait soif de leurs âmes qu’il venait sauver et racheter. Son tendre cœur brûlant de feu de l’amour pour les hommes, se soulageait en parlant à haute voix : « Si quelqu’un à soif ». « Bienheureux, dit-il ailleurs, ceux qui ont faim et soif de la justice, parce qu’ils seront rassasiés ». Il ne suffit pas, Eustoquie, de vouloir un peu le bien, les dons du St Esprit, il faut en avoir soif. C’est pourquoi peu obtiennent ce qu’ils demandent, parce qu’ils n’ont pas soif. Les prières des altérés sont toujours exaucées. La chaleur du cœur et de la poitrine excite la soif naturelle, le feu de l’amour de Dieu, le zèle du salut des âmes excite la soif spirituelle. O prêtres du Très-Haut, si vous aviez soif du salut des vos frères, lorsque vous êtes dans la chaire de la vérité, il sortirait de vos cœurs des fleuves d’eau vive qui purifieraient et désaltéreraient ces pauvres brebis. O Vierges institutrices, si vous aviez soif de ces jeunes et tendres cœurs, vous y mettriez le feu de l’amour de Jésus. Jeune vierge, si tu avais la soif de Jésus, ta timidité d’un agneau stupide se changerait dans la hardiesse d’un jeune lion qui ne craint rien et tu crains une simple femme !

« Qu’il vienne à moi », douce parole, plus suave que le rayon le plus exquis. Quoi ! ô bon Jésus, pour venir à vous, il ne faut qu’avoir soif. Cela suffit ! Point de vertu, point de perfection ! Cela n’est pas requis pour aller à Jésus ! non ! il faut avoir soif ; cela suffit. Bon Maître, c’est que vous avez soif. O Rabonni, permettez que je le dise, vous êtes comme ces laborieux vendangeurs ou moissonneurs qui après avoir essuyé le poids de la chaleur et du travail, sont si altérés qu’ils boivent une eau bourbeuse et corrompue et la trouvent bonne. « Qu’ils viennent à moi et qu’ils boivent ». Qu’ils boivent, feu ! ardeur ! Vous voulez me boire et vous me priez de vous boire… ! Une citerne corrompue… ! une source qui rejaillit jusque dans la vie éternelle… La première pour Jésus… la seconde pour moi… ! Larmes de tendresse, ma fille… ! « Qu’il boive », que boire ? Oui, ma fille, le vin qui fait germer les vierges, la lumière, la vérité, l’amour, boire l’amour. O boisson délicieuse, coule dans mes veines et submerge mon cœur !… Je voudrais toujours parler de cela, mais le temps ! « Si quelqu’un croit en moi, il sortira de son cœur des fleuves d’eau vive ! »

D ’où vient, ma fille, que tant de croyants sont si secs et si stériles ! C’est que leur foi n’est point altérée, n’est point amoureuse, c’est un feu sous la cendre et qui ne chauffe pas. Ils se disent vivants (ils sont comme morts, ils sont comme les arbres en hiver qui vivent), cependant, et qui n’ont aucune vigueur. C’est le plus grand nombre. Aujourd’hui, surtout, où la foi est presque éteinte ; elle n’est plus un flambeau, mais une mèche qui fume.

Quels sont ces fleuves d’eau vive ? parole mystérieuse, ma fille, Jésus appelle pour boire et les buvants deviennent des fleuves. Que boivent ceux qui boivent à la source de la bouche de Jésus ? Ils boivent la foi, l’Esprit Saint, l’amour, la doctrine de vérité, et, plus altérés après avoir bu qu’auparavant ils se désaltèrent en répandant leurs eaux vives dans les autres cœurs ! Aussi, ma fille, nos premiers fidèles étaient tous des apôtres ou plutôt des fleuves qui coulaient partout pour désaltérer les hommes.

Adieu, ma fille, je vous bénis.

L. M. J. B. Prêtre
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