Evangile selon St Matthieu, chapitre 2}
19 Après la mort d’Hérode, voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph en Égypte 20 et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et pars pour le pays d’Israël, car ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de l’enfant. » 21 Joseph se leva, prit l’enfant et sa mère, et il entra dans le pays d’Israël. 22 Mais, apprenant qu’Arkélaüs régnait sur la Judée à la place de son père Hérode, il eut peur de s’y rendre. Averti en songe, il se retira dans la région de Galilée 23 et vint habiter dans une ville appelée Nazareth, pour que soit accomplie la parole dite par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen. |
Il sera appelé : Nazaréen.

Nazaréen ! C’est sur ce mot de l’évangile que je voudrais partager ma foi avec vous aujourd’hui. Quand on est des Congrégations des Fils de Marie Immaculée ou Ursulines de Jésus ce nom de Nazaréen a une certaine résonance à notre mémoire collective. Notre fondateur nous demandait d’être les nazaréens du Verbe Incarné
Nazaréens du Verbe Incarné, cela fait peut-être mystérieux ?
C’était le nom que les juifs de Jérusalem donnaient aux premiers chrétiens qu’ils désignaient sous le nom du parti du Nazaréen, c’est-à-dire ceux qui suivaient sa voie V.O.I.E. son chemin, son évangile. Tous ici nous sommes des Nazaréens, en ce sens, puisque nous sommes chrétiens ou du parti du Christ.
Nazaréen est comme le nom de bordelais, gens qui habitent une localité. Nazaréen est aussi mot dérivé de Netzer. Au temps de Jésus un netzer était une personne consacrée à Dieu. Jean-Baptiste était un Netzer. Le Netzer est destiné à connaître le martyre. Jean-Baptiste a été décapité. Jésus est un vrai netzer comme nous l’explique le texte de l’évangile d’aujourd’hui.
Dès les premiers jours, sa vie est marquée pour la mort. Hérode cherche à le faire mourir. La sainte Famille fuit en Egypte et lorsqu’elle revient, craignant pour la vie de l’Enfant, elle ne s’installe pas près de Jérusalem en Judée mais se retire le plus loin, en Galilée. C’est ainsi que l’on parle de la vie cachée de Jésus. Plusieurs fois durant sa vie publique, il est dit aussi que Jésus se cache parce que les juifs veulent le supprimer. On dit aussi que son heure n’est pas venue : l’heure de sa mort.
Quand l’évangile d’aujourd’hui dit que Jésus sera appelé Nazaréen, c’est en pensant au Netzer qu’il est, celui qui est promis à la croix. Sur le sommet de la croix de Jésus était écrit : « Jésus, le Nazaréen, roi des juifs. » (Jn 19,19)
Être Netzer, du parti du Nazaréen -comme ceux que Saul, le futur saint Paul mettait en prison- ou Nazaréen du Verbe Incarné, ou chrétien, c’est mener une vie sous le signe de la Croix, comme le dit la prière : « Seigneur, puissions-nous par la passion et la croix de Jésus, parvenir à la gloire de sa résurrection. »
La croix, nous n’avons pas besoin de l’inventer.
Tous les matins nous la retrouvons comme nos habits au pied du lit. Et cette croix sera, comme la famille de Jésus nous en donne l’exemple, d’accepter tous les jours de nous laisser conduire par les évènements, accepter les imprévus. Non pas se résigner, être fataliste. Ce n’est pas le chemin de Jésus. L’exemple qu’il nous donne ? Il rebondit sur la difficulté, l’obstacle.
On peut penser que Marie et Joseph avaient tout prévu pour la naissance de Jésus, là où ils habitaient. Jésus naît à Bethléem à cause d’un édit de César. Au lieu de revenir à la maison, ils doivent fuir en Egypte. Au lieu de s’installer en Judée au retour, ils doivent par crainte pour la vie de l’Enfant se retirer en Galilée à Nazareth. N’est-ce pas ainsi dans nos vies ? Souvent rien ne va comme nous avons prévu ; inutile de gémir il faut rebondir.

Nous devons vivre notre foi chrétienne, conduits, bousculés par les évènements, comme la Sainte-Famille. Le Père Baudouin, notre fondateur, appelait cela : suivre le fil de la Providence ou encore : faire le bon plaisir du Père. Il avait raison de nous demander de recevoir ces contrariétés qui bousculent le programme de la journée ou d’un mois, une année de notre vie, ou toute notre vie, comme un don de Dieu. A ces moments-là, on se montre vraiment chrétien si nous savons comme un bateau à voile, quand le vent tourne, garder le cap sur le but de la vie chrétienne : car c’est par la passion et la croix que l’on parvient à la gloire de la résurrection.
Au moment de sa Passion, Jésus demandait à son Père s’il était possible de lui éviter la croix et il ajoutait : « Père non pas ce que je veux mais ce que tu veux. » En communiant à son corps, demandons de savoir accepter tous les contre temps qui surgissent dans nos vies. Au-delà de ces obstacles, le Père nous invite à grandir en humanité, à progresser dans la foi, l’espérance et l’amour, dans la fidélité à sa volonté.
Soyons à l’exemple de la sainte Famille les Nazaréens du Père nous aussi. |
P.Jean Biron- FMI- 29 déc 2013-Fête de la Sainte Famille-
Homélie à l’église Ste Marie de la Bastide de Bordeaux