Seigneur Jésus, nous voici invités à devenir des pèlerins de l’espérance, invités à jubiler et à espérer dans ce monde qui semble perdre la tête… ! L’histoire que nos sociétés actuelles écrivent, n’est-elle pas plus propice à désespérer qu’autre chose ? Qu’attends-tu de nous, Seigneur ? Que dis-tu à notre Eglise et à nos contemporains par cet évènement ? Avec le psalmiste, je t’implore : « Fais-moi comprendre, et je vivrai ! » (Ps 118, 18)
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D’un Noël à un autre, le temps du jubilé pour te rendre toutes grâces… Dans cet espace : ma vie, celle de mes frères et sœurs dans la foi, mais aussi celle de tous les hommes et de toutes les femmes de ce temps dont la bonne volonté participe de ta vie. Entre ces deux Noël, l’histoire de ma vie bien réelle, bien concrète, celle de ce monde, avec ses joies et ses détresses, ses amours et ses guerres : tout cela porté, assumé par ton amour infini proclamé par ton Incarnation. N’est-elle pas là, la lumière de l’espérance, celle qui ne déçoit pas, selon le mot de saint Paul ?
Tu l’as affirmé à tes disciples : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. » (Jn3, 16) Tu es parmi nous, toi, l’espérance de la gloire ! (Col 1, 26) A vrai dire, Jésus : j’y crois à cela, dur comme fer. Telle est ma foi ; telle est mon espérance. Parfois je doute hélas, je l’avoue, écrasé-e par le poids des épreuves. Surtout, je ne sais pas trop ce que ça signifie, ce que cela change concrètement…au fond de moi, je pressens que ton Incarnation est un trésor unique, une puissance de transformation inouïe ; mais je ne sais pas la laisser opérer en moi, à travers moi, comment la reconnaître et l’accueillir en mes frères et sœurs. Je t’implore, Seigneur : « Fais-moi comprendre, et je vivrai ! » (Ps 118, 18) Fais-moi vivre, non pas d’un Noël en attente du Noël suivant, mais de ce Noël éternellement actuel par lequel tu nous donnes de naître à ta Vie dans notre vie, ici et maintenant.
« Le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous. » (Jn 1, 14) Ici ! Maintenant ! Pour nous, tu as fait cela ! Pour nous, tu as remis ton Esprit afin que, moyennant notre acte de foi le plus humble soit-il, ton Souffle divin poursuive en nous ta mission de Rédempteur. C’est énorme, Jésus… Merci pour ce jubilé qui m’invite à recentrer ma vie sur ce mystère incroyablement actuel et vivant, sur ce mystère qui me donne d’espérer contre toute espérance (Cf. Rm 4, 18). Est-ce de l’angélisme, Seigneur ? Non, tu le sais ! Ça se saurait, si tu étais venu balayer d’un tour de main toute souffrance et tout mal ! Même à l’époque de ta vie terrestre, maladies, querelles fratricides, guerres de religion et conflits politiques, catastrophes naturelles et la mort elle-même ont perdurés. Tu n’es pas venu restaurer le paradis originel. Tu nous offres plus encore, en venant sceller avec tous ceux qui t’accueillent une alliance personnelle : celle d’entrer dans ton dialogue perpétuel d’amour avec le Père, dans votre commun Esprit. A hauteur de nos vies, telles qu’elles sont. Elle est là, la victoire, humble mais si puissante : par la foi, aimer avec ton Cœur qui bat dans notre cœur, pour entrer dans la gloire de ta résurrection, pas à pas, jour après jour, d’un Noël à l’autre… Parce que l’amour, ton amour, miséricordieux, est plus puissant que tout !
Maître et Seigneur, réveille en moi la flamme de l’espérance, celle qui me fait discerner en chaque instant ton amour agissant en tous ceux qui te cherchent et vivre de lui. Donne à chacun l’élan qu’offre l’amour incréé déposé en notre humanité, chair de notre chair, vie de notre vie. Car oui, Seigneur, tu « rends des forces à l’homme fatigué, tu augmentes la vigueur de celui qui est faible. Les garçons se fatiguent, se lassent, et les jeunes gens ne cessent de trébucher, mais ceux qui mettent leur espérance en toi trouvent des forces nouvelles ; ils déploient comme des ailes d’aigle, ils courent sans se lasser, ils marchent sans se fatiguer. » (Is 40, 29b-31)
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Aujourd’hui, en cet instant, donne-moi de jeter l’ancre de mon cœur dans le tien, précisément là et quand le désespoir, le découragement, la colère, le refus, l’incapacité à aimer me rendent inerte, froid et taciturne, superficiel-le ou désabusé-e. Car toi, « le Christ es parmi nous, l’espérance de la gloire ! Ce Christ, nous l’annonçons ! » (Col 1, 27b-28a)
Sœur Miriam BARREAU, sœur apostolique de St Jean