Résumé du Document Final du Synode Panamazone
Le synode Panamazonic se termine avec de l’air frais et une vie débordante. Les 120 points du document final ont été votés à une très large majorité : c’est le signe de la qualité des travaux préparatoires et du dialogue ouvert au cours des assemblées. Le synode encourage la création d’espaces de dialogue plus que de structures. Le synode n’est pas un point d’arrivée, mais un point de départ.
- Les travaux de consultation préalables, auxquels ont participé environ 87 000 personnes, ont permis de défendre des positions novatrices et peut-être controversées.
Comme le dit le document final, tout comme le fleuve Amazone, qui déborde périodiquement, l’Esprit a également provoqué le débordement de la vie. Oui, il y a une nouveauté importante et courageuse dans ce synode.
Lors de la cérémonie de clôture, le pape François a demandé que, lors de la transmission du synode, nous ne soyons pas focalisés exclusivement sur la nouveauté des questions disciplinaires : il demande de mettre plutôt mettre l’accent sur le diagnostic de la situation en Amazonie. Oui, au cours de ce synode, on a beaucoup parlé de la réalité de la douleur, de la violence et de l’espoir vécus en Amazonie.
Le document entier est un appel à la conversion
- Conversion pastorale : nous sommes invités à une spiritualité d’écoute et d’annonce.
En Amazonie, on assiste à une migration forcée provoquée par l’expulsion du territoire en raison des pressions exercées par les mégaprojets mais aussi par le manque de perspectives d’avenir. 70% de la population amazonienne vit déjà dans les villes. Les jeunes vivent une crise de valeurs et ont besoin d’accompagnement dans des situations qui détruisent leur identité et nuisent à leur estime de soi.
Une pastorale indigène est nécessaire pour la ville : et il est expressément proposé de créer un ministère de l’accueil dans les communautés urbaines où on a besoin de revendiquer des droits fondamentaux tels que l’eau, le logement, l’énergie …
Etre disciples missionnaires, c’est de l’ordre de l’être. Les équipes de mission itinérantes en Amazonie sont valorisées et les congrégations religieuses sont invitées à établir au moins un front missionnaire dans l’un des pays amazoniens.
- Conversion culturelle : en plusieurs points du texte, on parle des graines de la Parole présentes dans les cultures locales. Pour l’Église, la défense de la vie, de la communauté, de la terre et des droits des peuples autochtones est un principe évangélique. L’inculturation est l’incarnation de l’évangile dans les cultures autochtones. Une évangélisation colonialiste est rejetée.
Face aux erreurs et aux péchés du passé, l’Église a l’occasion historique de se différencier des nouveaux pouvoirs colonisateurs et d’exercer son activité prophétique avec transparence. Pour cette raison, elle s’engage à être un allié des peuples amazoniens pour dénoncer les attaques contre la vie des communautés autochtones, les projets qui affectent l’environnement, le manque de démarcation des territoires, ainsi que le modèle économique de développement prédateur et éco-destructeur.
- Conversion écologique : face à la crise sans précédent que nous traversons, il est urgent de rechercher des modèles de développement juste et solidaire. Devant l’exploitation massive des ressources de la nature, l’écologie intégrale est la seule approche possible.
Le document rappelle que la défense et la promotion des Droits Humains sont une exigence de la foi. Il dénonce la violation des Droits Humains qu’entraîne la destruction par l’extraction ; il encourage le désinvestissement du capital des entreprises extractives et souligne qu’une transition énergétique radicale est nécessaire. Les États sont expressément priés de ne plus considérer l’Amazonie comme un garde-manger inépuisable. La nouveauté introduite par le Synode, c’est la définition du péché écologique, qui se manifeste par des actes et des habitudes de pollution et de destruction de l’harmonie de l’environnement. Le péché écologique va à l’encontre de la justice et est un péché contre les générations futures. Le document final souligne le besoin de styles de vie plus sobres. Il propose de créer des ministères spéciaux pour le soin de la “maison commune” et la promotion de l’écologie intégrale au niveau des paroisses et de chaque juridiction ecclésiastique. Le synode demande instamment d’assumer le programme Laudato Si à tous les niveaux et dans toutes les structures de l’Église.
- Conversion synodale : La synodalité est présentée comme la manière la plus authentique d’être une Eglise, caractérisée par le respect de la dignité et de l’égalité de tous les baptisés et baptisées, la complémentarité des charismes et des ministères, et l’habitude de discerner ensemble.
Il est urgent pour l’Église amazonienne de promouvoir et de conférer des ministères équitables aux hommes et aux femmes. Le Synode demande une plus grande participation des laïcs et des femmes, également dans les domaines décisionnels.
L’Église s’engage à défendre les femmes contre les violences physiques, morales et religieuses qu’elles subissent – qui vont parfois jusqu’au féminicide – et les reconnaît comme protagonistes et gardiennes de la création. Le sens ministériel que Jésus a réservé aux femmes est reconnu. La création du ministère institué de « la femme dirigeante de la communauté » est expressément demandée. Le rapport final demande si possible de ré-ouvrir la Commission chargée de l’étude sur le diaconat des femmes (à la clôture du synode, le Pape avait promis de le réactiver avec de nouveaux membres).
Il ouvre la possibilité à l’ordination sacerdotale pour les diacres permanents reconnus par la communauté, même s´ils ont une famille constituée, considérant que la diversité légitime ne nuit pas à la communion et à l’unité de l’Église, mais la manifeste et la sert. Un corps épiscopal permanent amazonien est demandé. Cela devrait constituer une commission compétente pour l’élaboration d’un rite amazonien.
Le pape François et la place des femmes dans l’Eglise
Dans son intervention finale après le vote, le Pape a reconnu que ce que l’on dit de la femme dans le document est insuffisant et révèle que l’Église n’a pas encore compris la valeur de la femme, thème qui va plus loin que la fonctionnalité. Il y a certainement beaucoup à faire. Et le Pape nous invite à ne pas avoir peur et à oser aller plus loin.
- Le synode donne des indices concrets pour approfondir certains points. Par exemple, il reconnaît que « la sagesse des peuples ancestraux affirme que la Terre a un visage féminin ». Daniela Andrade, responsable de la communication REPAM, nous a rappelé l’importance d’identifier Dieu au féminin, car le symbolique devient quotidien. La libération de la nature et des femmes vont de pair ; la même logique possessive les opprime.
- Que le document synodal utilise des images féminines pour parler du sacré est déjà une étape de conversion que nous saluons avec gratitude : « nous voulons une Eglise de Magdalena, qui se sente aimée et réconciliée, qui annonce avec joie et conviction le Christ crucifié et ressuscité » (n 22). Certes, comme Mauricio López, secrétaire exécutive de la REPAM (cf.pièce jointe), l’a dit dans son discours au synode, nous sommes en route avec Jésus pour Pâques car la mort n’aura pas le dernier mot.
Le mystère de l’incarnation ne peut être limité. Jésus est incarné dans les marges. L’Amazonie, qui est une périphérie, le centre du christianisme, Rome, et son débordement de vie l´a fertilisée.
- Ce débordement provient principalement de la présence de femmes (35 au total) et de peuples autochtones. Les portes ont été ouvertes et nous sentons la possibilité de créer des routes. La réalité ne peut être niée. Comme affirme sœur Alba Teresa Cediel, supérieure des soeurs Lauritas, le diaconat féminin vit, qu’il soit reconnu ou non.
L’Amazonie est un laboratoire pour l’Église et pour le monde
- Dans la dimension écologique nous jouons l’avenir, insiste encore et encore le Pape François. Le synode se termine par la proposition de créer une commission qui continue de travailler sur la route qu’il a ouverte. C’est la sagesse féminine, nous connaissons les processus. Sans aucun doute, le document final est également le fruit du dynamisme des femmes présentes à Rome. Il appartient à chacun de faire de ce synode une réalité et de continuer à approfondir la synodalité.