Les délégués FMI au chapitre de 2011 avaient demandé qu’une session d’un mois soit organisée pour les responsables de formation en vue d’un partage d’expérience entre les différents formateurs et un approfondissement du charisme pour une ligne commune. Jusque vers les années 1970, la formation des jeunes FMI se déroulait dans une maison commune en France. Même ceux qui se présentaient en Espagne, en Angleterre, ou aux Antilles venaient en France pour le temps de la formation.
Lorsque des jeunes se sont présentés en Afrique, au Venezuela ou aux Antilles et que des « régions » furent organisées, la formation des jeunes FMI s’est alors faite chez eux, plus proche de leur culture et de leur langue, dans leur « région ». Le conseil général de la Congrégation a alors établi une charte de formation mais il semblait important, après un certain temps, de rassembler tous les formateurs des différentes régions pour un partage des expériences de chacun et un approfondissement ensemble des sources de notre charisme.
Les Sœurs Ursulines de Jésus et les Sœurs de l’Immaculée de Niort s’associèrent à ce projet de rencontre en vue d’une formation aux sources du même charisme. Ainsi 34 formateurs et formatrices du Burkina, du Togo, du Cameroun, de Madagascar, du Chili, du Venezuela, d’Espagne, du Royaume Uni et d’Italie se sont retrouvés à Chavagnes, à partir du 14 juillet, avec des membres des conseils généraux et des accompagnateurs ou accompagnatrices.
La 1re semaine
Elle fut consacrée à un travail de relecture et au partage d’expériences de chaque formateur et formatrice à partir de leur propre culture, les FMI à la maison Sante Marie et les UdJ et Sœurs de L’Immaculée de Niort au Centre spirituel.
Les FMI, pour leur part, étaient accompagnés par le P. Michel Retailleau, formateur chez les Fils de la Charité. Celui-ci a commencé par nous rappeler quelques vérités d’expérience que doivent garder à l’esprit les formateurs, comme un petit guide pour l’accompagnement dans la vie religieuse :
* La personne humaine grandit et s’engage aux moments importants de la vie, avec la totalité de ce qui la compose : tête, cœur , corps, passé, présent, futur… Aussi, être attentif en permanence à toutes ces dimensions. * Notre relation à Dieu, pour une part, est le reflet du développement de nos relations avec nous-mêmes, les autres et le monde environnant. D’où être attentifs à la manière dont les jeunes en formation se « relationnent » avec eux-mêmes, avec les autres, avec le monde. Cela dit quelque chose de leur relation à Dieu.
* Tout ce qui nous construit comme personne peut être considéré comme « dons de Dieu » : intelligence, affectivité, corps, langage, culture, histoire… Être particulièrement attentif à toutes ces composantes qui structurent et donnent forme originale à un être singulier.
* Comme toute croissance humaine, la vie religieuse vit des crises de croissance avec ses temps de crise, de confusions, de perte de repères, de souffrances et d’infidélités… et ses temps de maturation, de dynamisme et de croissance. Vivre la vie religieuse est une manière particulière parmi d’autres d’exercer« notre métier d’homme et de femme ».
* Nous partageons tout cela avec l’humanité en général, mais la vie religieuse demande aux formateurs d’accompagner des changements, des ruptures mais aussi de reconstruction à des moments stratégiques…
La 2e semaine
Cette semaine qui regroupait tout le monde, formatrices et formateurs, se déroula au Centre spirituel, encore disponible. En entrant dans la salle, une belle surprise : un magnifique tableau d’une source sur un fond d’arc-en-ciel. La source, d’abord recueillie par les trois fondateurs de nos Congrégations : les PP. Baudouin et Pécot et la Mère Saint-Benoît, s’étendait dans tous les pays de la Famille de l’Incarnation…
Cette semaine avait un double objectif :
- relire et approfondir la manière avec laquelle les responsables de formation vivent et transmettent la vie religieuse et la spiritualité de l’Incarnation en lien avec la culture et la mentalité de la société où elles/ils vivent.
- approfondir ensemble les sources de notre charisme commun sur les insistances spirituelles du Père L-M Baudouin.
Deux personnes ont introduit ce double objectif par une solide réflexion.
L’abbé Jean Quris, délégué à la vie religieuse du diocèse d’Angers, a présenté « la vie religieuse dans la société et dans l’Eglise » en retenant cinq aspects de notre société « moderne » :
- La sécularisation et donc une autonomie prise par nos sociétés par rapport à toute référence religieuse.
- Une accélération du progrès scientifique et technique dans tous les domaines.
- La mise en avant du sujet et de son autonomie.
- La mondialisation qui nous ouvre à un « marché » sans limite et à un poids prééminent de l’économie.
- Les relations hommes-femmes en plein bouleversement.
L’évolution de la société depuis 50 ans nous oblige, a-t-il dit, à ne jamais nous arrêter et à toujours nous mettre à l’écoute des appels de l’Esprit. Comme Jésus dans les ch. 8-10 de l’évangile de Marc : « C’est toujours en marchant que Jésus enseigne ses disciples. Et, au rythme de ses trois annonces de la passion, il leur répète, par trois fois ce que veut dire être disciple : prendre sa croix, être le serviteur de tous, être l’esclave de tous. »
Sr Pascaline Zida, du Burkina, membre du Conseil général des Sœurs de Torfou, a montré, pour sa part, comment la vie religieuse est perçue non seulement dans le Burkina mais aussi dans « l’aujourd’hui du monde africain ». Elle a insisté en particulier, en utilisant le langage du P. Lavigne sur la vie religieuse, sur « les écarts » que les religieux vivent ou sont appelés à vivre dans ce contexte « africain » pour que leur vie interroge, bouscule et fasse signe à ce monde. Que ces « écarts », nous a-t-elle dit, dans la manière de pratiquer les vœux et de vivre la pauvreté, l’obéissance et la chasteté soient porteurs de vie pour toute la société.
Une mission difficile !
Accompagner les jeunes à la découverte de la vie religieuse dans la société et la vie de l’Eglise dans le monde d’aujourd’hui est une mission difficile ! Mais qu’en était-il du P. Baudouin au début du XIXe siècle, au lendemain de la révolution française ?
Sr Thérèse-Marguerite a bien répondu en présentant : Louis-Marie Baudouin et ses disciples formateurs dans la culture et la société de leur temps.
Cliquer sur : Louis-Marie Baudouin formateur pour l’Eglise et la société de son temps
La première des insistances du P. Baudouin est son amour pour les Saintes Ecritures. Le P. Marcel Berthomé attira l’attention sur deux conseils que le P. Baudouin donnait aux Sœurs :
- Mes filles ne désireront dans la lecture de nos livres sacrés que de connaître et d’aimer celui qui seul en est l’objet et la clef ! A Mère St Hilaire 20 janvier 1927
- L’Esprit Saint cache les mystères sous l’écorce des paraboles et des comparaisons ; l’intelligent qui respecte les choses divines et qui ne désire que Jésus, sera le seul à comprendre. « Bienheureux les cœurs purs » parce que Jésus leur découvrira ses secrets. Commentaire Cantique 8
Les jours suivants furent consacrés aux partages et à l’approfondissement des principales insistances spirituelles du P. Baudouin :
- la mission d’adorateur,
- le chemin de prière de « l’exercice de l’Incarnation »,
- « l’entrevue des frères et des sœurs »,
- la « latitude de cœur »…
Une matinée spéciale fut occupée par la rencontre de plusieurs témoins sur la pastorale des migrants, des personnes handicapées, de la mission ouvrière …
Cliquez sur : Elargis l’espace de ta tente
La troisième semaine
Elle n’a concerné que les formateurs FMI et leurs accompagnateurs pour un temps de retraite à l’abbaye de Bellefontaine.
Le pape François, à l’assemblée des Supérieurs majeurs en nov. 2013, a dit : « la formation est une œuvre artisanale, pas policière. L’objectif est de former des religieux qui aient un cœur tendre et non pas acide comme du vinaigre…Nous devons former des pères, des frères, des compagnons de route… »