Extrait du témoignage de Sr Jeanine Barbot, Sœur de l’Immaculée Conception, lors de la rencontre du Grain de moutarde, nov.2014.
Si je confronte les définitions de l’espérance donnée par le Catéchisme de l’Eglise catholique (n° 1817-1821,1843) et ce que dit saint Augustin : « Espérer, c’est croire en l’aventure de l’amour, se fier aux hommes, faire le saut dans l’inconnu et s’en remettre entièrement à Dieu » , cela me revoie aussitôt à une Maxime du père Pécot :
« Mon bonheur est de m’attacher à Dieu et de mettre en lui mon espérance ».
Comment cela se traduit dans sa vie ?
Arrivé à Chavagnes en 1836, il découvre avec enthousiasme la spiritualité du père Baudouin. Devenu Fils de Marie Immaculée et ordonné prêtre, il est envoyé en mission à Niort en 1845 avec le père Coumailleau. Il y est confronté à la misère d’un milieu ouvrier, à l’absence de pratique religieuse, à l’analphabétisme, à l’abandon des enfants livrés à eux-mêmes. Il se fait tout à tous, va vers les gens, passe de longues au confessionnal. Son souci premier devient rapidement l’éducation car pas d’évangélisation vraie sans éducation humaine et spirituelle. Ouvrir une école gratuite sur le quartier semble nécessaire.
Les congrégations auxquelles il s’adresse ne peuvent rentrer dans ce projet. En accord avec le père Coumailleau et les 2 prêtres de Niort, il se résout, en 1848, à chercher des jeunes filles pour participer à la création de cette école. Il en parle à 3 d’entre elles qui se confessent habituellement à lui : Eulalie Piet, Catherine Martineau, Apollonie Monsel. Après quelques hésitations, elles se rendent disponibles, elles ont reconnu l’appel de Dieu dans sa demande. Aucune n’est institutrice, mais ce qu’il connaît de chacune lui permet d’avancer, en toute confiance.
Son audace sera récompensée par l’arrivée imprévue de Marie Guionnet, enseignante, qui accepte de quitter ses projets de vie religieuse pour se mettre au service de l’école.
L’esprit de foi et la pauvreté constituent leur unique capital. Elles ont sans doute parfois envie d’abandonner, mais la ténacité du père Pécot et ses encouragements leur permettent d’avancer au jour le jour. « La Vierge Immaculée ne vous abandonnera pas », leur dit-il.
Le 15 octobre 1849 est un jour de joie pour lui et les 4 institutrices : 35 fillettes sont là, l’école peut commencer !
« L’espérance soutient l’âme dans la rigueur, dans la longueur du travail », dira-t-il plus tard dans une de ses Maximes. C’est encore cette espérance qui lui donnera l’audace de répondre au souhait de vie religieuse des institutrices en fondant la congrégation de l’Immaculée Conception, le 8 décembre 1854. Quelques années plus tard, lorsqu’il sera rappelé à Chavagnes pour y être maître des novices, il distingue dans ce moment difficile la main de la Providence. Pour lui, se réalise ce qu’il enseignera à ses novices : « Celui qui sait se renoncer soi-même vit toujours en paix… Il veut tout ce que Dieu veut. »
Et nous, à la suite du père Pécot et de nos premières sœurs ?
En acceptant de tout quitter, même des projets pour Dieu, nos 4 fondatrices sont entrées dans cette espérance que toute leur vie est pour Dieu et pour les frères. L’espérance est inséparable de la foi et de la charité. Comme elles, nous sommes invitées à la confiance, sûrs que Dieu vient au secours de notre faiblesse : « Je peux tout en celui qui me fortifie. » (Ph 4,13)
Notre quotidien peut parfois nous sembler grisâtre, envahi par beaucoup trop de choses, que nous soyons religieux ou laïcs, mais ce qui nous réunit aujourd’hui et qui nous fait vivre, n’est-ce pas la foi, l’espérance et la charité ?
Reprenons sans nous lasser les accents du groupe moteur de la Famille de l’Incarnation, en 2013, sur l’union à Jésus : « Cet amour de Jésus, qui se cultive chaque jour dans la prière, la contemplation, l’adoration, la Parole accueillie et partagée dans nos groupes, c’est l’esprit de Jésus qui, peu à peu, transforme nos vies et nous modèle sans cesse afin que nous ayons « les mêmes sentiments que le Christ ».