Chili : mission avec le peuple Pehuenche

« Le Bio-Bio continue de chanter »

Les soeurs ursulines de Mulchén racontent leur expérience enrichissante de proximité avec le peuple Pehuenche dans le Haut Bio-Bío.

Bemaimun kom tañi piel ta Jésus” Dieu nous parle aujourd’hui

Notre journée commençait par une RENCONTRE DE PRIÈRE à 8h30, suivi d’un petit déjeuner très énergétique pour nous mettre en route et visiter les familles jusqu’à la tombée de la nuit. Le premier jour, le soleil et le beau temps nous ont accompagnés. Les jours suivants, nous avons eu de la pluie, de la neige fondue, et beaucoup de froid qui était atténué par la chaleur du feu, le « mate » (tisane d’herbes de la région) et le dialogue sans précipitation. Dans cette ambiance, les sens et le cœur se sont fait plus sensibles à la MUSIQUE QUI CONTINUE D’ÊTRE ÉCOUTÉE ICI DANS LE HAUT BÍO-BÍO."

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Ce que nous avons entendu, Ce que nous avons vu de nos yeux, Ce que nous avons contemplé et touché de nos mains… pour que vous soyez en communion avec nous .1 Jean, 1,1.33-4

CE QUE NOUS AVONS VU

• La retenue d’eau de la centrale hydroélectrique de Endesa qui a inondé un territoire immense de forêts indigènes, chassant les familles vers des zones plus montagneuses, comme Santa Barbara, Mulchén, Los Ángeles,
• Des plantations d’eucalyptus au milieu des forêts d’araucarias et de chênes
• Des logements améliorés suivant des critères occidentaux : cuisines en bois, chaudières de chauffage fabriquées à Endesa, petites chambres avec sanitaires. Toutes les familles ont l’électricité, la Télévision mais elles ne disposent pas d’eau potable à l’intérieur des maisons
• Un territoire découpé en petites parcelles entourées de grillages…

Des améliorations de logements suivant des critères occidentaux : cuisines en bois – chaudières faites par Endeza, des petites chambres avec des sanitaires. Toutes les familles ont l’électricité, la TV. Mais elles ne disposent pas d’eau potable à l’intérieur des maisons. Le terrain est fermé par des grillages faisant des séparations en petites parcelles…

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Nous avons constaté une division à l’intérieur des communautés (petits villages) en raison de la faiblesse de leur organisation et de leurs autorités : Lonco, Machi (titres donnés dans la langue originaire) ; à cause des stratégies des entreprises comme Endesa ; des organisations forestières, politiques, commerciales, à cause de la religion évangélique qui leur interdit de participer aux cérémonies de leur propre culture, prières, rituels. Les jeunes qui vont étudier à l’extérieur, partent à la recherche d’un travail et ne reviennent pas, d’autres choisissent le service militaire.

L’accueil que nous ont réservé toutes les familles, basé sur la confiance envers le Père Oscar en raison de sa manière d’être … Nous sommes surprises de la connaissance qu’il a des personnes, de chaque famille, surprises de sa proximité avec toutes les familles, bien au-delà des religions…ses efforts pour parler le « mapudugun » Il devient peu à peu l’un d’eux.

Le groupe missionnaire avec deux membres de la communauté du Haut Bio-Bio


La première famille que nous avons visité nous a offert un petit déjeuner très nourrissant avec un plat de « cheví » : du blé cuit avec de la levure ; on le sert froid ! C’est exquis pour eux, pour nous très bon…une expression d’affection qui avait le goût du nouveau et du distinct au fur et à mesure que nous le mangions, ce fut notre « baptême ». En partageant, nous pensions la même chose « Nous allons avoir des problèmes de digestion, sûr que cela va nous faire du mal !… la surprise, c’est qu’aucun de l’équipe n’a eu de problèmes !… pure sagesse ancestrale et grâce de Dieu. Nous confirmons que cet aliment est sain, il est naturel, et tonique d’énergie.

Les familles qui nous ont accueillis dans leurs maisons pour dormir, nous ont fait nous sentir « chez nous » ; disponibles, accueillantes. Des familles chez lesquelles le temps du partage, de l’accueil, de la connaissance mutuelle autour d’un « mate » qui passe de l’un à l’autre, nous parlent de rituel sacré de relation et d’accueil.

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CE QUE NOUS AVONS CONTEMPLE, CE QUE NOS MAINS ONT TOUCHE

Nous avons touché la douleur d’une famille qui avait perdu un fils, ne sachant pas s’il était mort d’hypothermie sur la route ou si la mort avait été causée par une dispute ou une attaque …doute… douleur. Avec eux nous avons célébré l’eucharistie, autour du feu, sentant la solidarité des familles proches de la communauté, qui préparaient des repas spéciaux pour ces circonstances, pour être présents dans ces jours.

L’Evangile proclamé en en Mapudugum par le Père Oscar les fait participer et exprimer leur prière, leurs sentiments.

Bemaimun kom tañi piel ta Jésus : Dieu nous parle aujourd’hui

La rencontre dans la maison du Lonco Don Pedro, nous a confirmé la situation d’insécurité, d’incertitude et de désespérance dans laquelle ils sont submergés, sans sentir aucun appui ni reconnaissance de la part des leurs .Ce fut un temps pour écouter à travers leur parole, la vie de leur peuple, de leur communauté affectée par la division, écouter de leur bouche ce que nous avions entendu … Malgré tout cela, Don Pedro garde encore espoir dans les jeunes qui, à force d’étudier, peuvent recréer leur organisation, des leaders peuvent surgir qui deviennent plus forts et y luttent pour leurs droits et pour la dignité de leur peuple.

Lors de la visite de l’école-Internat de Chenqueco – Ralco Lepoy, nous étions peinés de constater qu’il n’y a pas de projet éducatif interculturel intégré au programme. Un projet où la culture et la langue puissent être renforcés. Si les enfants ne connaissent pas leur langue, ils auront difficilement le sens de leur identité et leur appartenance à leur peuple.

Au fur et à mesure que nous entrions en relation, notre cœur était touché et affecté par la transformation violente dont souffrent les communautés pehuenches, spécialement dans cette vallée, car l’organisation dans la vallée de Queuco est reconnue et eux-mêmes la respectent

. Nous avons la certitude qu’il est possible d’être présents de cette façon, avec le style de présence que vit le Père Oscar

. Nous sentons que cette expérience coïncide avec notre recherche de congrégation et de regroupement, qu’elle nous relie et nous parle du mystère de l’Incarnation, d’esprit de famille et d’humanité.

Sr Rosa Arriagada et une femme dela communauté du Haut Bio-Bio

Pour lire le texte en espagnol

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