PETIT MATIN

Petit matin d’hiver, je marche. Je marche pour prendre le temps de respirer ; je marche pour prendre le temps de rejoindre la Vie, en moi et autour de moi ; je marche pour prendre le temps de simplement marcher. Le froid pique ma peau et les mains goûtent la chaleur de mes poches. Les yeux accueillent ce qui s’anime autour de moi. Et ma bouche laisse monter la prière vers Toi, Seigneur.

J’aperçois ma voisine, à sa fenêtre, une tasse à la main. Nous nous saluons par un léger hochement de tête. Son mari faiblit de plus en plus, la maladie ne lui laisse guère de répit. Je les emporte tous les deux dans ma promenade et je te les confie Seigneur, comme je te confie tous celles et ceux qui luttent contre la maladie : soignants et soignés ensemble. Donne-leur d’accueillir le jour qui se lève avec espérance.

Au bout de la rue, par la grande baie vitrée d’une maison, une télévision me renvoie les images des infos : des immeubles effondrés. Je marche dans ma ville sans oublier que, sur notre Terre, des contrées ne sont plus que ruines. Et je te confie Seigneur ceux qui ont tout perdu ainsi que ceux qui se mobilisent pour déblayer, sauver, reconstruire, vêtir et nourrir. Donne-leur d’accueillir le jour qui se lève avec courage.

Je passe près d’un collège. Les adolescents ont déjà les yeux rivés sur leur téléphone. Je marche sur le même trottoir mais ne peux croiser un regard. Je poursuis ma marche et je te confie ces êtres en devenir, ces humains qui ont soif de liens. Donne aux jeunes, d’accueillir ce jour dans le réel des rencontres humaines.

Les rayons du soleil pointent comme j’arrive à la rivière, une poule d’eau plonge. Les nappes phréatiques sont très basses. Il nous appartient d’économiser l’eau et de ne pas la polluer. Je marche le long du cours d’eau et je te confie, Seigneur, cette ressource si précieuse qui se fait plus rare. Donne-nous d’accueillir le jour qui se lève comme des acteurs de l’écologie.

crédit photos : Philippe Cesbron