Variation inachevée sur la Zone libre (squat de Cenon-Bordeaux)

Antoine Brethomé FMI, fait partie de la communauté des prêtres de la paroisse Lormont-Cenon,de l’agglomération de Bordeaux. Avec la Mission Ouvrière, la Pastorale des Migrants et bien d’autres associations, il est « soutien » des familles mises à la rue et qui avaient trouvé refuge dans une maison de retraite inoccupée. Des membres de la Pastorale des migrants étaient présents, ce vendredi 17 janvier 2020,

Ces familles étaient à la rue : comme toit, une simple tente plantée dans la boue. Originaires d’Albanie, de Géorgie, du Maghreb, d’Afrique noire,….de la Macédoine… elles vivaient en marge de la société, repoussées le plus loin possible du centre ville « au bord du monde » Elles ne manifestaient pas, ne criaient pas. Leurs revendications : un regard, une attention, une écoute, une reconnaissance.

Des personnes engagées dans différentes associations ont croisé leur route. il faut bien être plusieurs pour soulever un tel poids de vie. Elles ont posé sur ces familles un regard plein d’humanité, un mélange de révolte et de tendresse : « les associations ne peuvent pas détourner le regard de ces situations inhumaines ». Alors l’espoir est semé dans le cœur de ces enfants, de ces femmes, de ces hommes. Quelques mots, quelques gestes, quelques actions et cet espoir peut germer Ils pouvaient relever la tête et se mettre debout.

En cette même période, il se trouvaient des logements libres dans une ancienne résidence pour personnes âgées. Avec le soutien des associations, les familles s’y installent. Un toit, un « chez soi », le rêve réalisé ? La vie renait, une dignité retrouvée… Un « chez soi » que chacun selon son goût peut aménager, comme mettre des fleurs devant sa porte : "changer le vieux monde pour faire un jardin, faire tomber les barrières, les murs ; changer le monde ; tu verras le pouvoir des fleurs" (Laurent Voulzy)

En jouant, en riant, en faisant des dessins, en étant attentifs dans les moments de lecture, d’écriture, les enfants mettent de la vie, de la couleur dans une zone un peu trop sombre.

La route de la vie sur laquelle ils avancent, est-elle pour autant baignée de lumière ? Des menaces pèsent encore sur eux les privant d’un avenir radieux ? Des actes de violences sous l’effet de la drogue ou l’alcool mettent les familles en danger. Des mots comme « expulsions », « forces de l’ordre » résonnent à leurs oreilles, alors l’angoisse, la peur habitent leur nuit. « on dort mal », « on fait des cauchemars », « les enfants ont peur ». Dans ces moments il est important de parler, de dire son ’ressenti’ : des groupes de parole sont proposés pour les enfants, les femmes, le adultes.

Au cours des réunions hebdomadaires avec les « soutiens », les habitants osent prendre la parole. Une commission « logement-vie en commun », composée de représentants d’habitants et des soutiens est mise en place. Une charte du « vivre ensemble » traduite dans toutes les langues a été présentée, expliquée et signée par tous les habitants….

« il y a tant de choses à faire pour les enfants, les gens…imagine notre espoir : ».(Laurent Voulzy)

Antoine Brethomé Lormont le 22 nov 2020


Pour en savoir plus, vous pouvez écouter sur le site Eglise Catholique de Bordeaux, trois témoins solidaires des familles mises à l’abri à la zone libre de Cenon.https://bordeaux.catholique.fr/agir...

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