A la Semaine de l’Incarnation, j’ai laissé fondre mes craintes de nouvelle venue.

J’ai compris que la joie de la Famille de l’incarnation avait pris naissance dans une terre labourée par la vie des peuples de ce monde,

Si, en cette fin d’après-midi du 17 juillet, j’avais observé un peu en spectatrice les premières retrouvailles de la Famille de l’Incarnation en servant le délicieux jus de pomme des sœurs, la fête tout à coup m’a prise sans crier gare : la déferlante espagnole s’écoulait du car dans les chants, les claquements de doigts et des « ola » sonores !

Alors, réchauffée par tant de joie, j’ai laissé fondre mes craintes de nouvelle venue. Dans cette famille, la rencontre fait naître la fête. Durant toute la semaine, ses braises ont couvé et les flammes reprenaient à la moindre occasion, partout : au théâtre, au jardin, à la salle à manger, à la chapelle pour des mercis, des anniversaires, des prières ou pour rien, juste la joie. Musiques du monde et danses de tous nos pays soutenues par les djembés du Cameroun jusqu’à cette magnifique soirée de clôture.

Une joie profonde.
Mais cette joie, je sentais bien qu’elle ne naissait pas seulement ici à Chavagnes, même au pied des portraits des fondateurs. Je sentais bien qu’elle était plus grande que nous, qu’elle rassemblait des visages inconnus. Au cours des présentations de chaque pays, c’est une multitude de visages et tout un poids d’humanité qui montait sur scène dans le tout petit village de Chavagnes. Alors, dans un même mouvement, j’ai accueilli les idées fortes de la spiritualité de Louis Marie Baudouin, la manière dont les membres de la Famille rendaient présentes les personnes blessées dans leur chair et leurs cœurs, et ce qui avait nourrit ma vie avant cette rencontre.

Si j’ai découvert des expressions propres à Louis Marie et à la Famille, j’ai surtout attisé les braises qui couvaient déjà en moi comme les braises de la fête. Et j’ai commencé à comprendre d’où venait la joie Cette joie éclairait un peu de ce qui brûlaient en moi depuis … depuis quand ?

L’Incarnation, ce bonheur de savoir que Dieu vient en chaque être sans que nous n’ayons à mériter son amour, ce Dieu qui nous sauve se disait au théâtre dans les situations de pauvreté, de violence, de misère affective, mais aussi entre nous dans les gestes, la manière de regarder, de sourire, de toucher, d’écouter, de prendre soin. Et nous avons chanté en toutes nos langues : « Depuis que Dieu a pris chair en son Fils, chaque visage est reflet de Dieu. »

La bible : un jardin de délices.
J’ai été aussi étonnée et admirative en découvrant comment Le Père Baudouin s’était promené dans la Bible comme dans un jardin de délices et comment il avait commenté les textes pour ses contemporains. C’était un précurseur en ce domaine.

Au théâtre, la Parole se liait à nos paroles : la Bible passait de mains en mains et devenait acteur, personnage ; l’évangile se tissait aux expériences de vie : un même fil d’or pour des mots aux couleurs variées comme nos pays et nos langues. « Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous » : refrain de nos rencontres quotidiennes de prières où Dieu, en Jésus verbe de vie, se faisait solidaire de l’histoire de chacun.

J’ai compris que la joie de la Famille de l’incarnation avait pris naissance dans une terre labourée par la vie des peuples de ce monde, souvent irriguée par la sueur, le sang et les larmes. Comme dans les psaumes, la louange avait d’abord été plainte et cris de révolte. Plainte et cris qui firent naître souvent beaucoup d’émotion dans les différents lieux de nos rassemblements.. Merci Michel pour ton invitation à les recueillir. Merci Vincent pour les larmes près du tombeau vide ! Merci à vous tous pour votre vérité ! « Les joies et les espoirs des hommes, des femmes de ce temps, sont nos joies et nos espoirs… »

Accueillir et servir.
Et puis il y a eu cette histoire de Nazareth, esprit de Nazareth, Nazaréenne ? Je n’ai pas encore compris comment il fallait le dire mais cette idée a exprimé pour moi tellement de choses de mon chemin d’aujourd’hui : s’abandonner, ne pas maîtriser l’avenir mais accueillir tout ce qui est vie et, à l’image de Marie de Nazareth, simplement servir. A Chavagnes, j’ai été touchée par toutes ces petites gouttes d’eau versées avec tant d’humilité pour soulager le monde.

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La famille de l’Incarnation n’a pas le monopole de l’Incarnation, ni celui de la Parole, ni celui de l’Esprit de Nazareth. Et pourtant j’ai accueilli ces trois idées de la spiritualité avec « délice », humilité et joie. Cette joie, reflet de Dieu sur chacun de vos visages éclaire encore le mien, pour longtemps j’espère !

Le Dimanche 25 juillet , toute la matinée, les Espagnols ont fait une haie d’honneur pour accompagner par leurs chants et leurs danses ceux qui, petit à petit, quittaient Chavagnes dans les rires et la joie. Que la fête continue !

M.A, membre de la fraternité « Parole de Vie »

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